Critique de Philippe Mathonnet

Pierre Vogel est de ces créateurs qui, chaque matin, avalent à n'en pas douter une pastille efferves­cente, tant leur travail est pétillant d'inventions. A moins que ce ne soit le peu d'occasions de voir les travaux de cet artiste genevois (né en 1938) qui engendre, quand on les retrouve, cette sensation d'ébullition libérée. Toujours est-il que cette cinquantaine d'estampes sont bouillonnantes de rencont­res et de télescopages. Ne serait-ce qu'au plan des techniques. S'y superposent: pointe sèche, eau­forte, aquatinte, empreintes, tempera, plume, crayons de couleur. Une diversité qui permet à l'artiste de soigner ses effets. Car beaucoup reposent sur les chocs entre univers différents. Vogel a toujours été fasciné par le surréalisme. Il y a du Max Ernst en lui. On retrouve chez Vogel une passion semblable pour les textures opposées à des zonés plus tranquilles. Dans ses compositions, se marient les proli­férations microscopiques, les écritures de signes et  les constructions improbables.

Philippe Mathonnet